Difficultés et défaillances d’entreprises :
quelle tendance en 2025 ?
Quel angle de vue au-delà de la tendance des chiffres ?

Alors que le contexte économique est toujours incertain, le nombre de défaillances d’entreprises continue d’augmenter selon de récentes études. Lors du premier semestre 2025, près de 35 000 entreprises étaient en défaillance. À titre de comparaison, lors du premier semestre 2024, c’était près de 33 500 entreprises qui étaient en défaillance. Le seuil atteint aujourd’hui est historique. Pour autant, le deuxième trimestre 2025 est le deuxième trimestre consécutif de baisse. Inquiétant ? Encourageant ?
Quels secteurs sont les plus impactés ? Quelle est la tendance à ce sujet ? Quelles explications approfondies sont possibles ? Envisageons des pistes anticipatrices à partir de situations réelles et de difficultés fréquentes.
Les difficultés et tendances en matière de défaillances d’entrepriseS
Un nombre élevé de défaillances avec des micro-entreprises très fortement concernées, des chiffres en passe de s’améliorer
Une entreprise est classée en « défaillance » lorsque celle-ci ne parvient plus à honorer ses engagements financiers : paiement des fournisseurs, des salaires, des dettes….
En France, les microentreprises de moins de trois salariés représentent, à elles seules, 72% des cas de défaillances. D’ailleurs, il faut savoir qu’une microentreprise est une entreprise de petite taille, comptant moins de 10 salariés et réalisant moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Elle représente la forme la plus courante d’entreprises en France et reste la plus vulnérable face aux aléas économiques.
Après une année 2024 marquée par un niveau élevé de défaillances, le début d’année 2025 ne montre pas de réelle amélioration : augmentation de 4,4% du nombre de procédures.

(crédit image : LeanPay ; Source : Altares)
Cependant, cette hausse est la plus faible depuis quatre ans. Et quelques signes rassurants émergent : chez les PME de 20 à 100 personnes, les défaillances reculent de 6%. Le cabinet d’études Altares dans son étude de 2025 ajoute également que, « depuis maintenant deux trimestres, le nombre de défaillances sur douze mois glissés se stabilise autour de 68 000 ». La situation semble alors s’équilibrer pour les entreprises présentes sur le territoire français.
Le nombre de défaillances d’entreprises persiste, notamment pour les PME et ETI et compte ses records
Bien qu’au travers de son étude, Altares se veuille rassurant, la réalité reste préoccupante.
Avec 71 400 emplois qualifiés de « menacés », la France a atteint une valeur jamais touchée depuis la crise financière de 2009. Le phénomène touche également les structures plus importantes. Chez les PME et ETI de plus de 100 salariés, le nombre de défaillances a bondi de 28% par rapport à 2024.
Autre signal inquiétant, avec près de 68 000 procédures sur douze mois glissants, le premier trimestre 2025 marque un record absolu depuis 1991. Les précédents pics, en 1993, 2009 ou 2015, plafonnaient autour de 64 000 entreprises défaillantes. Nous avons donc franchi un seuil historique avec le nombre de 68 000.
Les secteurs de lA CONSTRUCTION, des services aux entreprises ou de l’AGRICULTURE sont touchés par les défaillances d’entreprises
Des secteurs toujours en difficulté : les activités de services aux entreprises et l’agriculture

Malgré un nombre de défaillances qui tend à se stabiliser, certains secteurs d’activité continuent à être particulièrement fragilisés.
Par exemple, au premier trimestre 2025, les activités de services aux entreprises enregistrent des hausses de défaillances importantes :
- +40% dans la sécurité privée,
- +24% dans les services informatiques,
- +20% dans le conseil en communication et gestion,
- +14% dans le nettoyage de bâtiments.
Ces secteurs souffrent autant du ralentissement du cycle d’investissement, que de la trésorerie tendue des donneurs d’ordre.
Autre exemple : l’agriculture. Au cours du premier trimestre 2025, la dégradation se poursuit pour ce secteur avec une hausse de 14,5% d’exploitations entrées en procédure (dont +29% en élevage et +75% en viticulture).
En comparaison, la moyenne nationale a noté une augmentation modérée de 4,4% des défaillances.
Des secteurs en résilience, voire se portant un peu mieux : le commerce de détail, les boulangeries, les boucheries, la construction et les agences immobilières
Alors que certains secteurs semblent être en difficulté, d’autres montrent des signes encourageants de résilience, voire de redémarrage sur ces tous derniers mois.
Le commerce de détail, par exemple, voit le nombre d’entreprises en difficulté diminuer de 5% au regard de 2024. Cela vient surtout des magasins de proximité comme les pharmacies, les opticiens ou les magasins d’habillement. Certains ont su s’adapter en intégrant mieux que d’autres le digital, le click and Collect ou en proposant des produits frais ou locaux. Les boulangeries et les boucheries suivent également cette tendance.
Dans le secteur de la construction, bien que certains métiers restent fragiles, la situation semble se stabiliser. Les défaillances reculent notamment dans le bâtiment et la construction de maisons individuelles.
Enfin, les agences immobilières connaissent une forte baisse des défaillances, près de 17%, après une année 2024 difficile.
En Bretagne, le nombre de défaillances d’entreprises reste préoccupant
Nombre de défaillances d’entreprises au premier trimestre 2025, par région, en France métropolitaine (crédit image : Le Journal des Entreprises)

En Bretagne, au premier semestre 2025, 1 341 entreprises ont été placées en défaillance, soit une hausse de 9% par rapport à l’année précédente.
Ce sont surtout les Côtes-d’Armor (+30%), le Finistère (+25%) et le Morbihan (+14%) qui tirent les chiffres vers le haut. Seule l’Ille-et-Vilaine affiche une baisse (-16%), mais, elle reste le département le plus touché en volume avec 204 cas.
Les secteurs les plus exposés sont les services aux entreprises, le commerce et la construction. Malgré les signaux d’alerte déjà visibles depuis deux ans, la tendance ne s’inverse pas.
La Bretagne suit la même trajectoire que le reste du pays, mais avec une intensité plus marquée dans certains territoires.
Comment comprendre la source de ces défaillances d’entreprise ?
La période de l’après-Covid a « brutalisé » les processus internes et externes de nombreuses entreprises
La crise sanitaire a eu un impact durable sur de nombreuses entreprises. Pendant les confinements et les restrictions, beaucoup ont vu leur activité chuter brutalement. Si certaines sont parvenues à « tenir » grâce aux aides ou à une adaptation rapide, d’autres n’ont pas pu récupérer pleinement leur clientèle ou leur chiffre d’affaires. Parmi ces aides nous pouvons y retrouver le Prêt Garanti par l’État (PGE). Or, en 2024, près de 7,5% des entreprises ayant souscrit un PGE étaient en difficulté pour le rembourser. C’est notamment le cas chez les TPE et PME les plus vulnérables. La perte de trésorerie pendant cette période fragile a laissé des séquelles. Pour plusieurs secteurs, la reprise est lente et les difficultés persistent.
Par ailleurs, de nombreuses entreprises étaient déjà en difficulté en 2019. Les aides Covid n’ont fait que prolonger artificiellement leur survie. Par conséquent, une fois cette période passée, la suppression de ces aides et le retour à la normale s’ajoutent aux fragilités existantes des entreprises.
De leur côté, les habitudes des consommateurs et clients ont évolué durant cette période. La crise a favorisé le recentrage sur les achats de proximité, responsables ou plus abordables. Le commerce en ligne s’est également démocratisé et ceux qui ne se sont pas adapté à ces nouveaux comportements ont vu leur clientèle baisser. Des notions nouvelles apparaissent : parcours d’achat, Click & Collect, Transition écologique et RSE…
Enfin, les organisations internes ont bougé, les repères et priorités des personnels ont nécessité de nouvelles organisations auxquelles il n’est pas toujours simple de s’adapter ce qui ajoute parfois des difficultés en termes de : recrutement, fidélisation, organisation de travail, télétravail…
L’accès différencié aux différentes aides de l’État aujourd’hui peut constituer une difficulté pour certaines entreprises
Comme vu précédemment, durant la crise, les entreprises ont bénéficié d’aides importantes. Ces mesures ont d’abord reculé de nombreuses faillites. Cependant, ces aides étant à caractère exceptionnel sont progressivement supprimées ou réduites depuis la fin de cette période de crise.
Dans le même temps, de nouvelles aides ont vu le jour, plus ciblées : accompagnements en stratégie, financements de formations, dispositifs régionaux… Cependant, beaucoup d’entreprises n’en ont pas connaissance alors que d’autres peinent à y accéder. L’accès dépend souvent de la taille de la structure, de son secteur d’activité ou de son OPCO. Ce manque de lisibilité et d’équité peut laisser une partie des entreprises à l’écart alors qu’elles auraient, justement, besoin d’un « coup de pouce » pour rebondir.
De plus, il n’est pas toujours facile, lorsque les signaux de difficultés émergent, de bien identifier la nature de son besoin ou de ne pas être victime de personnes mal intentionnées qui dévoieront les aides, ou pire, soutireront de fortes sommes aux Entreprises, sans aucun retour !
La hausse des prix et des taux d’intérêts s’ajoutant à la situation à l’internationale constitue un contexte politico-économique incertain
Enfin, les coûts ont fortement augmenté ces derniers mois. Les prix de l’énergie, des matières premières, des produits importés… ont grimpé. Par exemple, sur un an (entre mars 2024 et mars 2025), le prix des matières premières industrielles a augmenté de 10% selon l’INSEE.
De plus, la remontée des taux d’intérêts rend le financement plus cher pour les PME notamment qui doivent emprunter ou gérer leur trésorerie pour investir.
Enfin, nous pouvons ajouter à cela une situation internationale tendue entre différentes grandes puissances mondiales. Pour les entreprises françaises, cela complique la production, augmente les coûts et freine parfois les livraisons. Côté export, l’accessibilité à certains marchés peut être complexe et instable. Ces tensions fragilisent donc à la fois l’import et l’export.
Tout ceci nous mène donc vers une zone d’incertitude caractérisée par un contexte économique instable. Dans ce climat, beaucoup d’entreprises font preuve de prudence : elles reportent leurs investissements, limitent les recrutements ou hésitent à se lancer dans de nouveaux projets. La crainte de ne pas pouvoir faire face à de nouvelles hausses de charges ou à une baisse d’activité domine, et cette attitude attentiste peut, elle-même, freiner la relance.

Notre vision face à ces défaillances d’entrepriseS
Nous observons des Dirigeants qui réagissent trop tard face à la difficulté
Quand une entreprise commence à rencontrer des difficultés, sa trésorerie est déjà souvent au plus bas ou les dettes s’accumulent avant qu’elle ne réagisse. Par peur, par manque de temps ou par isolement, les Dirigeants repoussent les décisions. Beaucoup pensent pouvoir gérer seuls, sans faire appel à de l’aide extérieure. Il existe aussi le secret espoir que « tout s’arrange ».
Pourtant, les signes sont souvent visibles en amont : baisse du chiffre d’affaires, perte de clients, baisse de marge et de commandes moyennes, surcharge de travail, tensions dans l’équipe… Mais ces signaux d’alerte sont ignorés ou non observés, ce qui malheureusement revient au même, alors même que des solutions existent.
D’ailleurs, selon une étude que nous avons réalisée au sein de notre cabinet auprès de nos clients, 80% d’entre eux engagent une action dans un délai de moins d’un an après un accompagnement. L’aide extérieure les a quasiment tous engagés dans à l’action.
Nous observons des Dirigeants souvent très seuls dans leur Management
En France, le management repose encore souvent sur une figure centrale de l’entreprise : le dirigeant, notamment en TPE et PME.
Ce modèle, souvent vertical et hiérarchique, laisse peu de place au partage de la décision ou à la délégation stratégique. C’est pourquoi beaucoup de chefs d’entreprise se retrouvent alors seuls face aux choix importants.
Nous pouvons parler de « management à la française ». Assez rigide sur le plan organisationnel, il est de plus en plus challengé par des modèles plus agiles, collaboratifs et horizontaux.
De plus, la qualité des pratiques managériales a de réelles conséquences sur la performance des entreprises. En effet, non considéré comme un métier à part entière, le Management est souvent une fonction hiérarchique pour laquelle les pratiques n’ont pas encore été apprises. Par conséquent, quelques bases manquent encore à nos managers…
Nous observons des Entreprises où la confusion entre outils et méthodes est régulière
Dans de nombreuses entreprises, nous constatons une confusion fréquente entre les outils et la méthode.
L’action est souvent dictée par une réflexion en termes d’outils de communication (site internet, réseaux, vidéo…), d’investissement (machines, logiciels…) ou d’innovation (produits, technologie…). Or, cela reste primordial de se concentrer sur l’analyse de la stratégie (objectif, vision, étapes…), du repositionnement (concurrentiel, métier, promesse…), du ciblage (segmentation, plan d’action commercial…). Il s’agit là de penser en amont la façon d’atteindre un objectif avant le choix de l’outil qui servira de support.
Effectivement, sans réflexion stratégique, ces actions restent souvent inefficaces ou déconnectées des vrais enjeux de l’entreprise. En effet, un outil sans méthode ne saura jamais faire seul et anéantira tout effort.
Apprendre à diversifier et adapter ses actions en fonction de ses clients et de ses objectifs est la base de la performance commerciale et de la croissance de l’activité.
Sources utilisées :
- Altares : https://www.altares.com/2025/04/10/etude-defaillances-dentreprises-t1-2025-vers-une-stabilisation/
- Banque de France : https://www.banque-france.fr/fr/statistiques/entreprises/defaillances-dentreprises-2025-03
- Le journal des entreprises : https://www.lejournaldesentreprises.com/article/les-defaillances-dentreprises-continuent-daugmenter-en-2025-selon-altares-2117418
- La Tribune : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/tpe-pme/malgre-un-niveau-historique-les-defaillances-d-entreprises-marquent-le-pas-au-2e-trimestre-1029264.html
- Vie Publique : https://www.vie-publique.fr/en-bref/297391-faillites-dentreprises-pourquoi-une-forte-hausse-en-2024
- Fondation IFRAP : https://www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/vers-un-record-de-defaillances-dentreprises-en-2025